Odessa
"Pour Poutine, c’est un élément-clé, comme la Crimée, comme Donetsk, de ce qu’il appelle, à la façon de Nicolas Ier il y a deux siècles, la "Nouvelle Russie", l’avant-poste de Moscou."
"Pour les dictionnaires, c’est une ville de plus d’un million d’habitants avec, je cite, raffinerie de pétrole, centrale thermique, constructions navales, industries alimentaires..."
"Il est permis d’avoir d’autres représentations d’Odessa. En fait, d’industries alimentaires, nous pensons au Père Goriot de Balzac qui, sur son lit de mort, rêvait encore d’y édifier... une fabrique de pâtes. Dans la rade, nous voyons le cuirassé Potemkine qui, en 1905, croise lentement pendant qu’un landau dégringole du haut du grand escalier que les cosaques viennent de nettoyer de ses émeutiers. Ou bien, quinze ans plus tard, le bateau de l’impératrice-mère qui s’éloigne à jamais de son pays perdu.
"Pour Poutine, Odessa, c’est une carte à jouer comme une autre. Impavide, il est en train de la retirer du jeu de nos imaginaires. Pour les juifs, ce fut souvent la ville-refuge ; pour les Grecs et les Turcs, la ville du Nord ; pour notre Europe, le seuil de l’Orient... Au lendemain de la mort de 41 personnes, le 2 mai, à la Maison des syndicats d’Odessa, Jean-Louis Le Touzet commençait ainsi son papier dans "Libération" : "La Mer Noire était d’une mollesse élastique trompeuse, l’air du matin était déjà rose d’un soleil qui flattait les épaules des filles en talon..."
invité(s) : Sandrine Treiner, Journaliste et écrivain
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Pour en savoir plus et écouter ou podcaster :
http://www.franceinter.fr/emission-la-marche-de-l-histoire-odessa