SOUS-EPREUVE N°1

TRADUCTIONS DUREE 1H30

TRADUCTION DE RUSSE EN FRANÇAIS :

Головкер вечно что-то бормотал, жестикулировал, смеялся. Путал английские и русские слова. Вдруг становился задумчивым и молчаливым. Много курил.

И вот он понял: надо ехать. Просто заказать себе визу и купить билет.

Оформление документов заняло три недели. Билет он заказал на четырнадцатое сентября. Ходил по магазинам, выбирал подарки.

Выяснилось, что у него совсем мало друзей и знакомых. Родители умерли. Двоюродная сестра жила в Казани. С однокурсниками Головкер не переписывался. Имена одноклассников забыл.

Оставались Лиза с дочкой. Оленьке должно было исполниться тринадцать лет. Головкер не то чтобы любил эту печальную хрупкую девочку. Он к ней привык. Тем более, что она, почти единственная в мире, испытывала к нему уважение.

Лизе он купил пальто и сапоги. Оле — шубку из натурального меха и учебный компьютер. Плюс - рубашки, джинсы, туфли и бельё. Какие-то сувениры, авторучки, радиоприемники, две пары часов. Короче, одними подарками были заполнены два чемодана.

Летел Головкер самолётом американской компании. Как обычно, чувствовал себя богатым туристом.

В Ленинградском аэропорту ему не понравилось. Всё казалось серым и однообразным. Может быть, из-за отсутствия рекламы. К тому же он прилетел сюда впервые. Так уж получилось. Тридцать два года здесь прожил, а самолётом не летал.

Головкер подумал: что я испытываю, шагнув на родную землю? И понял: ничего особенного.

Сергей Довлатов. "Встретились, поговорили"

TRADUCTION DE FRANÇAIS EN RUSSE :

Après le déjeuner, je me suis ennuyé un peu et j'ai erré dans l'appartement. Il était commode quand maman était là. Maintenant il est trop grand pour moi et j'ai dû transporter dans ma chambre la table de la salle à manger.

Je ne vis plus que dans cette pièce... Un peu plus tard, pour faire quelque chose, j'ai pris un vieux journal et j'ai lu... Je me suis aussi lavé les mains et, pour finir, je me suis mis au balcon.

Ma chambre donne sur la rue principale. L'après-midi était beau... J'ai fumé deux cigarettes, je suis rentré pour prendre un morceau de chocolat et je suis revenu le manger à la fenêtre. Peu après, le ciel s'est assombri et j'ai cru que nous allions avoir un orage d'été... Je suis resté longtemps à regarder le ciel.

Albert Camus, L'étranger.

SOUS-EPREUVE N°2

EXPRESSION

DUREE 1H30

La Russie otage d'un capitalisme mafieux.

Les Russes voyagent beaucoup, mais rarement pour le plaisir. Ils vont en Turquie, à Chypre, en Italie, en Grèce, en Chine et dans d'autres pays encore, acheter des biens de consommation qu'on trouve pourtant en abondance dans leurs propres villes. Quelle peut donc être la rentabilité de ces coûteuses expéditions, qui exigent des démarches épuisantes pour obtenir visas et billets d'avion? Ce n'est pas le seul mystère de ce tourisme commercial. Ceux qui le pratiquent ne sont décidément pas riches. Ce sont des " souris grises " un peu vieillies qui n'ont guère grimpé sur l'échelle sociale. On les reconnaît à leur apparence, héritée de l'époque soviétique, leurs goûts modestes et leur faible connaissance des langues étrangères. En Russie, on les appelle tchelnoki (navettes) et on estime leur nombre à 30 millions, en y incluant ceux, très majoritaires, qui circulent à l'intérieur même du pays.

Quand on se penche sur le phénomène, tout se complique et devient mystérieux. Alors que la ligne aérienne Rimini-Rome n'existe pas, quatre ou cinq fois par semaine des avions bondés de tchelnoki en provenance de Moscou et de Saint-Pétersbourg atterrissent à Rimini sur un aéroport conçu pour eux. Après quoi, sans même regarder la mer, ils se déversent sur le quartier commerçant, où ils sont attendus avec des montagnes de chaussures made in Italy et fabriquées en Albanie ainsi que d'autres articles vestimentaires. A Istanbul, ils cherchent plutôt les téléviseurs et les appareils électroménagers. Les tchelnoki payent comptant, en dollars. Ils ignorent les cartes de crédit, ne marchandent pas, ne demandent ni garanties ni reçus. Il s'agit pourtant de sommes qui atteignent souvent des centaines de milliers de dollars, et il est rare qu'on les dépense sans précautions ni trace comptable. Il tombe sous le sens qu'un tchelnok n'est pas propriétaire de cet argent. S'il l'était, il se serait établi à son compte à Moscou ou ailleurs en Russie. Vu leur volume, il n'écoule pas seul, non plus, ces biens importés. Leur distribution constituerait un travail à temps plein.

La Russie n'arrive plus à vendre ses produits de consommation sur son marché intérieur, monopolisé par les biens étrangers. Mais elle ne contrôle pas davantage ses importations, assurées par les tchelnoki. Elle ne perçoit, donc, qu'une petite partie des droits de douane ; pour les deux tiers des marchandises, c'est du " ni vu ni connu ".

Or, l'impôt sur les sociétés étant calculé à partir du chiffre d'affaires et non du profit, il est facile d'évaluer la perte du Trésor russe. Pour remédier un peu à ce manque à gagner, le Kremlin a tenté, en 1996, de taxer ceux qui rapportent de l'étranger plus de 50 kilos de bagages. En 1997, il a été décrété que chaque Russe se rendant à l'étranger devrait payer 11 dollars à l'aller et autant au retour. Le tollé de la presse n'a même pas permis l'entrée en vigueur de ces oukases. On ne songe donc plus à inquiéter les tchelnoki.

" Le "tchelnokisme", dit un Moscovite, n'est qu'une soupape de sécurité pour laisser échapper l'excès de pression à la base. Sans lui et sans l'omniprésent commerce de rue, la cocotte aurait explosé depuis longtemps. " Cela ne veut pas dire que le gouvernement fait fonctionner cette énorme machine commerciale. Non, c'est la Mafia qui tire les ficelles.

Pourquoi celle-ci a-t-elle besoin d'un commerce aussi compliqué, alors qu'à Moscou ou à Saint-Pétersbourg on ramasse l'argent dans les rues ? Justement, pour blanchir cet argent-là. Un tchelnok avec 50 000 dollars n'est suspecté ni à Istanbul ni à Rimini. Mille tchelnoki, chacun avec la même somme, ne le sont pas plus... Ainsi injecte-t-on dans le circuit légal des milliards propres... " comme la neige au sommet du Kazbek ".

Un tchelnok ne sait pas, en général, qu'en acceptant un prêt pour se rendre à l'étranger il devient un soldat de la Mafia. Quelqu'un lui a fait cette fleur par recommandation ou au hasard d'une rencontre. En l'avertissant toutefois que, si d'aventure il s'envolait avec ces dollars, on le retrouverait et on le punirait sévèrement. Il paraît que les rares oiseaux qui se sont envolés ont été exécutés avec une cruauté inouïe. La Mafia russe a déjà la réputation d'être plus violente et plus impitoyable que la sicilienne ou l'américaine. Cette cruauté caractérise surtout la mafia de la drogue, dont on parle beaucoup, ainsi que celle de la prostitution, qui exécute, paraît-il, des insubordonnées même pour un écart minime. L'importance du " tchelnokisme " tient à son impact sur la société, sur ses moeurs et ses coutumes.

K. S. Karol Le Monde Diplomatique août 1997

Questions : (répondre en 200 mots environ par question)

1) Какую роль играют “ челноки ” в русской экономике? Кто они?

2) Что Вы думаете о русском капитализме?